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Qu’il soit à #UEH, #UCNH (Limbé), #UNDH, #Quisqueya, #URHC, à l’Hôpital Universitaire Justinien du Cap-Haïtien (#FSINDS), au campus universitaire de #Limonade et dans d’autres universités provinciales et métropolitaines, des scènes de viol et d’harcelement sexuel sont très répandus de nos jours. Mais, quelles en sont les causes? Ces cas sont-il vraiment planifiés par des responsables de ces universités sans scrupules? Le viol des étudiants devient-il une forme de lutte planifiée pour exiger la démission d’un recteur ou doyen? Le viol est-il un moyen pour se faire justice ou pour humilier bêtement une étudiante ou une employée? L’État haïtien livre t’il ces jeunes à ces mal froids violeurs sans sévir contre les auteurs intellectuels et agresseurs de fait?

 

Alors que la population haïtienne tend à faire le silence sur les impacts des violences sexuelles, notamment le viol et le harcèlement sexuel, ce mal mondial continue à faire son chemin vers la destruction d’une frange non négligeable de la société haïtienne. Si l’immoralité est à nos portes, les agents de l’immoralité ne peuvent être observés qu’à la loupe. Cette situation dans laquelle de nombreuses jeunes filles étudiantes et professionnelles se trouvent n’est pas sans impact. La violence sexuelle représente un grave problème de santé publique touchant des millions de personnes chaque année dans le monde. Elle dépend de nombreux facteurs existant dans des situations sociales,culturelles et économiques très variées (OMS, 2002). Qu’elles soient dans les universités ou les entreprises publiques, privées, chrétiennes ou laïques, qu’elles soient dans les hôpitaux universitaires, peu importe qu’elles soient même au niveau fondamental voire secondaire, les étudiantes et professionnelles vivant en Haïti subissent des agressions et harcèlements sexuels des recteurs, des doyens, des chefs de projet, des directeurs généraux, des directeurs départementaux, des directeurs d’écoles, des professeurs et de leur supérieur hiérarchique. Cette situation devient de plus en plus répandu vu que même des professeurs d’éthique qui sont déjà mariés font la cours à des étudiantes en échange de meilleure note ou d’examens. La réalité est que ces jeunes filles ne sont pas les seules victimes, car, leurs parents et amis en sont indirectement des victimes.

Humiliation, acharnement, deshumanisation, abus de pouvoir, sexisme, homophobie, exploitation… autant de mots qu’on ne verrait pas rattachés au monde de la santé et encore moins à celui de la formation des étudiants qui rêvent d’y évoluer professionnellement. Qu’ils soient médecins, agronomes, infirmiers, ingénieurs, kinésithérapeutes, informaticiens, sage-femmes, pharmaciens, gestionnaires, orthophonistes, économistes… tous sont passés par l’Université pour s’y former, pour apprendre de leurs pairs, pour se forger une identité professionnelle. Nombre d’entre eux y ont également soufferts, malmenés verbalement par leurs tuteurs, découragés par leur hierarchie, rabaissés au seul titre de « incapable », « bon à rien », niés en tant qu’individus… tout ce, parfois, dans le but d’atteindre un autre objectif lié au sexe.

Situation des femmes en Haïti

Les femmes ont un rôle important dans la société haïtienne. Elles représentent 51% de la population du pays, et constituent 48% de la population économiquement active surtout dans le commerce et les échanges mineurs, dans lequel elles représentent 82% des travailleurs, et dans l’agriculture où leur pourcentage est de 37%. Le taux de fécondité reste élevé, 3.5 enfants par femme, particulièrement pour les femmes très jeunes (15-19 ans). Les premiers rapports sexuels commencent à un âge relativement précoce, et il existe une proportion importante d’unions conjugales informelles, et d’unions ou l’homme à plusieurs partenaires dans les tranches d’âge plus élevées. On notera en outre qu’entre 42% et 44% des chefs de famille sont des femmes. Les femmes restent fortement désavantagées au plan économique, social, éducatif et sanitaire. Elles reçoivent des salaires inférieurs à ceux des hommes, représentant 87% du tiers des revenus les plus faibles dans le secteur informel et 83% dans le secteur formel, comparé à une représentation masculine de 69% et 44% respectivement pour le même revenu. Le niveau d’éducation limité affecte les femmes de manière prédominante, ce qui explique leur entrée précoce et sans qualifications sur le marché du travail. Cette féminisation de la pauvreté et l’état de subordination des femmes les mettent dans une position de victimes potentielles de violence. Elles sont en outre victimes de discriminations importantes en termes d’accès à la justice et aux services publics. Au plan politique et institutionnel, on notera que la Constitution fut amendée en 2011 et impose à présent un quota de 30% de femmes dans tous les secteurs de la vie nationale. Bien que le discours sur l’égalité soit bien rodé, la mise en oeuvre de politiques publiques sur l’égalité entre hommes et femmes n’a cependant pas suivi. Les femmes restent donc sous-représentées dans les postes politiques et à haut niveau des institutions étatiques, et dans la magistrature, où elles ne constituaient en 2011 que 13% des magistrats du siège et 7.9% des officiers judiciaires (PNUD, 2013).

La violence contre les femmes désigne « tous actes de violence, fondés sur l’appartenance au sexe féminin, causant ou susceptible de causer aux femmes des dommages ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques et comprenant la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de la liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ». L’article 2 de la Convention interaméricaine « Convention de Bélem do Pará » stipule que : par violence contre la femme, on entend la violence physique, sexuelle ou psychique :

– se produisant dans la famille ou dans le ménage ou dans toute autre relation interpersonnelle, que l’agresseur ait partagé ou non la même résidence que la femme, se manifestant, entre autres, sous forme de: viols, mauvais traitements ou sévices sexuels;

– se produisant dans la communauté, quel qu’en soit l’auteur, et comprenant entre autres, les viols, sévices sexuels, tortures, traite des personnes, prostitution forcée, séquestration, harcèlement sexuel sur les lieux de travail dans les institutions d’enseignement, de santé ou tout autre lieu;

– perpétrée ou tolérée par l’Etat ou ses agents, oú qu’elle se produise.

En ce sens, la violence physique se définit comme tous types d’agression corporelle commis avec n’importe quel genre d’armes, incluant des membres du corps, des armes blanches, des armes à feu ainsi que tout autre sévice corporel. Cette forme de violence est généralement mieux connue de la population haïtienne, notamment en raison de ses conséquences souvent visibles sur le corps de la femme. Chaque année, beaucoup de femmes haïtiennes sont victimes de cette forme de violence. Au cours de l’année 2016-2017, une étude réalisée par le Ministère de la Santé publique et de la population de la République d’Haïti démontre que 29% des femmes et filles interrogées âgées de 15 à 49 ans ont été victimes de violence physique, et ce, depuis l’âge de 15 ans (Avocats sans Frontières Canada, KAY FANM et l’Office de la protection du citoyen, 2019).

Il existe également cette forme de violence, mais qui blesse aussi profondément que les violences physique et sexuelle : il s’agit de la violence verbale. Cette violence se caractérise entre autres, par des paroles dénigrantes, dévalorisantes et/ou des insultes envers la femme. L’usage de ces paroles engendre des conséquences sur la femme, tel qu’elle peut se sentir humiliée, rabaissée et affectée dans son estime de soi.

La violence sexuelle se définit quant à elle par toute forme d’agression à caractère sexuel. L’agression peut être accompagnée de menaces, de l’emploi de la force, de l’exercice de l’autorité, etc.18 Les violences sexuelles incluent notamment le viol, le harcèlement sexuel, les attouchements à caractère sexuel, l’exploitation sexuelle, etc.

Violences sexuelles et harcèlement dans les universités et lieux de travail

Le phénomène social de la violence sexuelle et du harcèlement sexuel dans les relations professionnelles et au sein des universités est un problème aussi central que tabou de la profession professorale, fortement exposée à ce risque là en raison des relations d’autorité et de proximité entre professeurs (notamment enseignants-doyen-recteur) et étudiantes, en particulier entre professeurs et étudiants, entre professeur et salariées, entre responsable et subalternes, etc. L’une des dimensions importantes du problème réside dans la peur des victimes d’exprimer ce qu’elles subissent ou ont subi, peur à mettre en relation avec un climat d’opinion hermétique (tout le monde se connaît, les rumeurs vont vite, chaque histoire laisse des traces…) qui confine parfois à des formes d’omerta corporatiste et découle aussi de conflits d’intérêts affectant souvent les conditions de jugement disciplinaire par les instances compétentes. Cela conduit tendanciellement à la non divulgation et à la non sanction des faits de harcèlement sexuel (Valluy, 2014).

Pour nous autres, les violences sexuelles regroupent le harcèlement sexuel et l’agression sexuelle. Le premier inclut des remarques, des moqueries ou des blagues sexistes, des sifflements, des regards insistants, des propositions sexuelles non voulues et rejetées ou encore du chantage sexuel. L’agression sexuelle, quant à elle, relève d’un acte à caractère sexuel : des contacts physiques ou des attouchements imposés, des viols et des tentatives de viol.

D’après nos enquêtes, plus de 60 % des étudiantes et professionnelles ont subi au moins une situation de violence sexuelle. Plus de 80 % ont vécu au moins une situation de harcèlement sexuel et plus de 10 % ont vécu une situation d’agression sexuelle. Mais la population qui semble la plus touchée à l’Université est celle des étudiants et étudiantes en fin de cycle, c’est-à-dire en quatrième et cinquième année. Dans les lieux de travail, les secrétaires sont les plus victimes de cette situation. Il est à mentionner que les hommes également ne sont pas pour autant à l’abri des violences sexuelles puisque plus de 5 % témoignent avoir subi des harcelements sexuels et des agressions sexdéjà vécu une telle situation.*lire la suite.

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