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L’insécurité en Haïti a conduit à la disparition de plusieurs grandes figures intellectuelles et politiques du pays. Parmi elles, Maître Monferrier Dorval, l’ex-président Jovenel Moïse, Antoinette Duclair, Éric Jean-Baptiste, et plusieurs journalistes comme Diego Charles et Néhémie Joseph. Le dernier nom à rejoindre cette liste funeste est Pierre Philippe Agnant, dirigeant du parti politique Cri du Peuple Haïtien pour la Réconciliation Nationale (CPHREN), assassiné à son domicile.
Dans la nuit du 6 septembre 2024, Pierre Philippe Agnant a été abattu chez lui à Tabarre 27, une zone qui, malgré les efforts de la police haïtienne, demeure sous la menace des gangs. « C’est une grande perte pour notre pays. Nous avons perdu un autre acteur clé dans notre quête de stabilité », déclare un proche de la victime, sous couvert d’anonymat.
L’assassinat d’Agnant vient s’ajouter à une série de crimes ciblant les intellectuels et leaders politiques haïtiens. Depuis plusieurs années, les actes de violence menés par les gangs ont mis en péril l’avenir du pays en privant Haïti de certains de ses esprits les plus brillants. Maître Monferrier Dorval, assassiné en août 2020, est l’un des nombreux exemples de cette vague de violence. Jovenel Moïse, président du pays, a également été tué dans sa résidence privée en juillet 2021, un événement qui a secoué non seulement Haïti, mais toute la communauté internationale.
Les autorités haïtiennes peinent à endiguer l’escalade de la violence, malgré l’intervention de forces internationales, dont celles du Kenya, déployées dans le cadre de la Mission Multinationale de Sécurité (MSS). Mais la mission, loin d’être pleinement opérationnelle, reste confrontée à des défis majeurs sur le terrain.
« Les Kenyans semblent hésitants à affronter directement les gangs. C’est grâce à la vigilance de la police haïtienne que leurs troupes n’ont pas encore été victimes de ces criminels », affirme un expert en sécurité basé à Port-au-Prince. Pourtant, cette insécurité persistante continue de miner la société haïtienne et d’éliminer les figures capables de conduire le pays vers un avenir plus stable.
L’assassinat de Pierre Philippe Agnant souligne une réalité brutale : les gangs, devenus des forces quasi-politiques, exercent une influence destructrice. Ce climat de violence étouffe toute tentative de réconciliation nationale et de renouveau politique.
Au fil des ans, Haïti a vu une partie importante de ses intellectuels et de ses professionnels fuir le pays, cherchant refuge à l’étranger pour échapper à la violence omniprésente. Ceux qui restent, comme Pierre Philippe Agnant et les victimes précédentes, continuent de risquer leur vie pour contribuer à la reconstruction du pays.
« Il est tragique de voir des hommes et des femmes de valeur tomber sous les balles des criminels. Haïti perd son avenir à chaque assassinat », a déclaré un ancien membre du gouvernement, exprimant son désarroi face à la situation.
La mort de Pierre Philippe Agnant pose une nouvelle question sur la capacité des forces internationales et locales à rétablir l’ordre en Haïti. Alors que le pays se bat pour sa survie, l’espoir de voir émerger une nouvelle génération de leaders s’amenuise à mesure que la violence des gangs continue de faire rage.
En attendant une réponse efficace et coordonnée à cette crise sécuritaire, le peuple haïtien reste en deuil de ses héros perdus et en quête d’un futur incertain.
Écrit par Jude-Nelson Guerrier journaliste sure-info