FÊTER LE DRAPEAU EN HAÏTI DANS CETTE CONJONCTURE DE CRISE : ENJEUX ET PERSPECTIVES

FÊTER LE DRAPEAU EN HAÏTI DANS CETTE CONJONCTURE DE CRISE : ENJEUX ET PERSPECTIVES

Dans tous les pays du monde, le drapeau joue un rôle crucial dans la mesure où charrie derrière lui une charge historique hautement significative. En effet, le bicolore haïtien n’est pas exempt de cette considération historique, car il allait contribuer grandement dans la réussite de la coalition des forces indigènes (anciens et nouveaux libres) contre l’armée expéditionnaire de Napoléon Bonaparte, pour répéter Michel Hector dans sa Genèse de l’État haïtien. Ainsi, le Credo L’UNION FAIT LA FORCE haïtien allait prendre une autre dimension historique. Haïti fête cette année les 220 ans de son drapeau dans un contexte d’une crise aiguë dans laquelle plonge le pays depuis plusieurs années d’une part, d’autre part ce même drapeau est souvent blasphémé par des institutions qui auraient dû promouvoir son respect avec les dernières rigueurs. En ce sens, quel intérêt a-t-on dans cette fête ? Ne se cache-t-il pas une certaine hypocrisie derrière cette fête ?
D’abord, né à l’Arcahaie, et cousu par Catherine Flon, au terme du Congrès organisé par les pères de la nation en date du 15 au 18 mai 1803, le bicolore haïtien a connu plusieurs modifications soit en terme de disposition des étoffes, soit dans les couleurs de 1803 à date (18 mai 2023). Les raisons de ces modifications sont généralement d’ordre politique. Mais, les bleu et rouge sont actuellement les couleurs de la République.
Comme nous l’avons souligné précédemment, derrière ce Congrès historique se cache un MESSAGE HAUTEMENT SIGNIFICATIF : L’UNION. L’Union des Noirs et des Mulâtres. Ce message fort donné par nos aïeux va grandement contribuer à changer l’ordre mondial. En janvier 1804, désormais une Nation Nègre est née aux yeux des plus grandes puissances impérialistes de l’époque. Par ailleurs, avec l’assassinat du père de la nation, le pays va connaître des épisodes de guerres, de division (de manière constante). On dirait que ce Credo n’a pas pu vraiment entrer dans le gène haïtien pour qu’il soit conscient que, à chaque moment de trouble que traverse le pays, l’Union, la Paix, la Réconciliation doit être le recours considérable. À preuve, l’absence d’esprit d’entente , de consensus dans la pratique de nos leaders politiques fait que le pays plonge davantage dans le chaos. D’autre en plus, le gouvernement d’Ariel Henry a décidé de fêter le drapeau officiellement au Cap, au lieu de à l’Arcahaie, la cité du drapeau.
À cet effet, l’on se demande vraiment si les autorités haïtiennes sont conscientes du message fort que nous avaient légués nos ancêtres à travers cette date historique. Les parades sont partout dans le pays, mais l’on se demande si les gens comprennent véritablement le sens de ce qu’ils font. Et surtout lorsqu’on considère que la plupart des institutions qui auraient dû promouvoir le respect du drapeau ne le respectent pas. Avec quelle fierté on fête le drapeau pendant qu’on le salit quotidiennement physiquement et symboliquement ? En tout cas, l’on se demande pourquoi cette hypocrisie qui anime la société depuis bien des lustres ?
Donc, fêter le drapeau c’est bien. Mais exploiter le message fort donné par les héros de la nation en vue de parvenir à une issue à la crise haïtienne serait mieux. L’Union peut faire la force.

John Castro JOSEPH, citoyen engagé
Palmiste-à-vin, le 18 mai 2023

Sure-info